Le blog des Harpes Camac

Blog > À la une > Un récital couleur « Pastel » : le premier album de Mélanie Laurent

Un récital couleur « Pastel » : le premier album de Mélanie Laurent

Médaille d’or du Concours international des États-Unis (Bloomington) et harpiste solo de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Mélanie Laurent est sans aucun doute l’une des harpistes françaises les plus en vue aujourd’hui. Compte tenu de son parcours, elle a une affinité naturelle avec la musique aérienne de ses compatriotes. En hommage à la subtile légèreté du répertoire français, Mélanie a intitulé son premier album Pastel, un mot riche en connotations délicates. Nous avons demandé à Mélanie ce que signifiait précisément ce titre pour elle.

« Le titre de l’album résonne en moi de plusieurs manières. D’abord, c’est un clin d’œil à mes origines, à travers la fleur de Pastel, surnommée « l’or bleu » de Toulouse. C’est aussi une palette de couleurs douces et subtiles, ainsi qu’une matière de dessin, tout comme la harpe qui me permet de peindre un univers impressionniste, tout en nuances. Des teintes qui évoquent la délicatesse, la transparence, la subtilité et qui suggèrent sans s’imposer. »

 

Mélanie Laurent ©Lou Sarda

Mélanie Laurent ©Lou Sarda

Toutes ces raisons l’ont amenée à adopter ce titre de manière tout à fait naturelle : « Je dois avouer que ma récente découverte du Pastel de Nata, une pâtisserie portugaise délicieusement addictive, n’a fait que renforcer mon attachement à ce mot ! » ajoute-t-elle en riant. Certaines associations entre le répertoire et cette esthétique ravissante sont immédiatement perceptibles, comme dans Pastels du vieux Japon de Marcel Tournier ; d’autres sont plus subtiles.

« J’ai avant tout cherché à me sentir pleinement moi-même derrière la harpe, avec des pièces qui me parlent et qui me touchent profondément. J’avais à cœur de recréer l’atmosphère délicate de l’impressionnisme français, comme s’il s’agissait d’une immersion dans un tableau de Monet. »

Cependant, la mise en place d’un programme cohérent pour le disque peut s’avérer une tâche considérable et, naturellement, la forme du programme a évolué au cours d’une longue période de réflexion. « C’est amusant de se dire que j’étais partie d’une idée presque puriste : enregistrer une intégrale de Renié. Pour finalement arriver à un programme varié et un peu énigmatique, mais qui trouve tout son sens pour moi. »

 

Mélanie Laurent ©Lou Sarda

Mélanie Laurent ©Lou Sarda

 

Le caractère de l’artiste est essentiel, mais un autre aspect intéressant de ce projet réside dans l’identité des compositeurs, notamment l’inclusion d’œuvres de compositrices françaises de renom. Leur présence dans Pastel s’est faite tout naturellement, explique Mélanie : « Il me semblait essentiel d’inclure des œuvres de compositrices, pas seulement par principe, mais parce qu’elles occupent une place fondamentale dans le répertoire de la harpe, et qu’elles ont su exprimer à travers cet instrument une voix d’une grande sensibilité. Germaine Tailleferre, Henriette Renié, Mel Bonis… toutes partagent une écriture fine, expressive, souvent lumineuse, une véritable touche de fraîcheur. »

« Les femmes ont toujours composé, mais leur voix a souvent été reléguée dans l’ombre, parfois même invisibilisée. À travers ce programme, j’avais envie de rappeler cette présence constante, discrète mais essentielle, en laissant simplement parler la musique. »

Mélanie Laurent ©Lou Sarda

Mélanie Laurent ©Lou Sarda

En plus de la sélection du programme, des innombrables heures de préparation, puis du financement et de la planification d’un projet aussi important, l’expérience de l’enregistrement elle-même est inoubliable pour tout musicien confronté au défi de créer quelque chose de beau pour la postérité. Bien entendu, il y a eu des moments difficiles marquants : 

« Les quelques jours d’enregistrement ont été d’une grande intensité, mêlant des moments de grâce suspendus à d’autres plus difficiles, parfois même cocasses. Comme lorsque la ventilation vrombissante de la salle s’est mise en marche pendant une prise particulièrement réussie, ou lorsque j’ai découvert avec stupeur que mon accordeur s’était mystérieusement reparamétré en 445 Hz, rendant la harpe trop haute pour pouvoir utiliser les patchs que nous venions d’enregistrer… Nous avons bien ri ! »

Nous sommes heureux que Mélanie ait pu en rire, nous ne sommes pas certains que nous en aurions été capables…

Mélanie, artiste et personne de goût, a compris que la nature d’un tel projet n’est qu’une étape dans la relation en constante évolution entre l’artiste et son œuvre.

« Il faut toutefois garder en tête que, même dans la gravure d’un disque, la perfection n’existe pas : ce n’est qu’une capture d’un instant T, alors que nous sommes, nous, des êtres en perpétuelle évolution. L’avenir de ce disque ne m’appartient plus désormais ; je le confie aux auditeurs, libres de l’adopter et de se l’approprier à leur manière. »

Pastel sortira ce 22 novembre chez Indésens Calliope Records.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *