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François Pernel : Un concert hors du commun…

Le harpiste François Pernel jouit d’une excellente réputation pour l’ambiance musicale exceptionnelle qu’il sait créer lors de mariages et d’événements variés. À ce titre, il travaille en collaboration avec certains des principaux organisateurs de mariages du secteur.

Tout harpiste freelance se doit d’être ouvert aux possibilités qui se présentent : c’est l’un des aspects magiques et imprévisibles de ce métier. Qui sera dans le public, quelles portes pourraient s’ouvrir vers une nouvelle opportunité ? Un travail en amène un autre, et c’est ainsi que les musiciens enchaînent les engagements. Lorsque notre ami François Pernel a joué au mariage du chirurgien Philippe Paillard, une remarque fortuite a donné lieu à une performance inhabituelle…

François Pernel joue sur son Camac Égerie pendant une opération chirurgicale. Photo BRUNO COHEN

François Pernel performs on his Camac Égerie during François Pernel joue sur son Camac Égerie pendant une opération chirurgicale. Photo BRUNO COHEN

« J’ai rencontré Philippe il y a bientôt deux ans car j’étais le harpiste à son mariage. Nous avons depuis travaillé à d’autres événements musicaux et c’est sous forme de boutade, lors de nos discussions que je lui ai dit : « comme ça me plairait de pouvoir assister à une journée au bloc ».

Philippe aime les challenges et il a tout de suite répondu avec enthousiasme et a rendu cela possible : avec la harpe !

La clinique Bizet a validé et encadré le projet. »

[Un nom de clinique particulièrement adapté dans ce contexte !]

L’utilisation de la musique dans un contexte thérapeutique, et particulièrement celle de harpe, s’est de plus en plus développée ces dernières années. Il existe un certain nombre d’initiatives au niveau mondial qui montrent aux harpistes comment intervenir au sein du monde médical dans des approches non intrusives profitant à la fois aux patients, à leurs familles et au personnel. Mais très peu de harpistes se sont aventurés dans le sanctuaire de la chirurgie elle-même.

« Les retours que j’ai eus tout au long de la journée m’ont évidemment convaincu du bien être qu’apporte un instrument comme la harpe dans un contexte de soin.

L’hôpital reste un cadre anxiogène, même si les équipes travaillent de leur mieux à rassurer les patients. Etant moi même peu familier de cette ambiance, il m’a fallu un certain temps pour comprendre la logique, c’est un milieu à part, hors du temps, avec des règles spécifiques, une ambiance ‘déconnectée du jour’ ».

Nous avons posé cette question à François : est-ce une pratique qui devrait être plus présente dans les approches modernes de l’instrument?

« Pour répondre précisément, je vais juste citer un patient que j’ai accompagné sur sa journée au bloc, et qui par ailleurs est chirurgien : il m’a confié que ma harpe était bien plus puissante que n’importe quel antalgique ! Pour quelqu’un qui « connait la maison » si je puis dire, son aveu donne tout son sens à mon intervention. »

Un chirurgien sélectionne soigneusement son instrument pendant que François joue. Photo par BRUNO COHEN

Un chirurgien sélectionne soigneusement son instrument pendant que François joue. Photo par BRUNO COHEN

Néanmoins, beaucoup d’artistes pourraient ressentir de l’appréhension à être présents dans un espace aussi restreint et physiquement exigeant, où l’on ouvre les gens et où on les opère. Cependant, François a su rester concentré et, en plus, il était intensément fasciné par les activités qui se déroulaient devant lui :

« J’avais été plus ou moins préparé, mais je n’étais pas fier non plus ! La première opération était une PTG (prothèse totale du genou). C’est une opération très impressionnante. Puis il y eu une arthroscopie : j’avais du mal à jouer car j’étais « fasciné » par ce que je voyais à l’écran ! Je n’étais pas non plus le nez au-dessus des actes chirurgicaux et j’étais bien ficelé dans les équipements de protection et d’hygiène. Il y a des sons, des odeurs bien particulières qui rendent cet univers si singulier. »

De nombreux musiciens et mélomanes attesterons que la musique a le pouvoir de favoriser un sentiment de bien-être intérieur. Quantifier et qualifier ses effets est cependant une question nettement plus ardue. Mais il semblerait que les musiciens soient de plus en plus les bienvenus dans ces contextes difficiles, où la musique pourrait avoir un impact positif sur un événement potentiellement effrayant (voire traumatisant).

La musique de harpe peut aider à soutenir les patients lorsqu'ils sont confrontés à la douleur ou à l'anxiété. Photo par BRUNO COHEN

La musique de harpe peut aider à soutenir les patients lorsqu’ils sont confrontés à la douleur ou à l’anxiété. Photo par BRUNO COHEN

« La musique est très puissante. J’ai déjà eu le sentiment très fort que la harpe pouvait « nettoyer » des ambiances où les individus se sentaient abandonnés, livrés à eux même. C’était en Angleterre dans un centre avec des personnes en situation de handicap. Nous avons joué en duo avec une harpiste anglaise et à la fin, un immense silence a pris place. La salle de concert était pour ainsi dire ‘lessivée, rebootée’.

A l’inverse, étant très (trop) sensible, il m’arrive de quitter un lieu si la musique qui y est jouée ou diffusée touche des énergies basses. C’est mon ressenti. Oui, il y a des musiques qui élèvent l’esprit et apaisent, d’autres qui nous font entrer en résonance avec la colère, la violence, l’éloignement de soi.

Je pense que les harpistes qui vont lire cet article ont déjà vécu ces moments-là […] il y a ces moments où la harpe est juste un vecteur, un outil pour transformer le moment, les gens… le lieu.

Je crois en la toute puissance de la musique quand on sort de l’ego. Je veux dire par là : quand l’interprète n’est qu’un passeur, et que son instrument n’est qu’un prétexte pour communiquer avec l’Autre. Peu importe la partition.”

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